Le long chemin d’Eddy Jeanneret pour obtenir un gruyère AOP bio
mardi 10 novembre 2020Depuis janvier 2020, une nouvelle filière de mise en valorisation de plus de
700 000 kg de lait bio a vu le jour dans les montagnes neuchâteloises. Une belle histoire qui aura nécessité beaucoup de persévérance de la part de tous les acteurs.
Double ligne de fabrication
De son côté, Philippe Geinoz donne une seconde jeunesse à sa fromagerie, notamment en doublant sa capacité de production et d’affinage. Pas moins de 2,4 millions de litres transiteront désormais chaque année par ses cuves. Et 180 tonnes de fro- mage, dont 60 bio, sur les tablards de sa cave. Les travaux de construction d’une nouvelle salle de transformation et ceux d’excavation pour une nouvelle cave d’afinage sont menés tambour battant. «Nous n’avions pas une minute à perdre. Heureusement que j’avais réfléchi à cet agrandissement il y a déjà plusieurs années. Les plans étaient prêts. Il n’y avait plus qu’à lancer la machine.»
Dans la fromagerie, tout est désormais à double, sauf la ligne de coulage. «J’ai dédié une deuxième salle de fabrication au bio. Elle comporte aujourd’hui une cuve de 2000 litres et une rangée de huit presses, mais il y a de la place pour doubler la capacité.» Car Philippe Geinoz en est convaincu: L’avenir de son entreprise et de la filière fromagère en général passe entre autres par le bio. Il envisage d’ailleurs de proposer une version Bourgeon de chacune de ses spécialités fromagères. «La de- mande du consommateur est là. Il faut désormais que l’offre suive!», lance-t-il, appelant délibérément les producteurs de sa région à se poser la question de la reconversion.
En Suisse et à l’export, un marché de niche
Près d’un an après la naissance de la nouvelle filière, les pre- miers gruyères bio ont d’ores et déjà été envoyés chez l’af- fineur Margot à Yverdon VD et commercialisés, en majorité auprès de grands distributeurs suisses, mais aussi à l’exportation pour la France, l’Angleterre, l’Allemagne et la Russie. «La demande est en progression sur le marché national mais le bio reste une niche» relativise Gilles Margot. Pour l’affineur vaudois, le bio ne représente en effet que 100 tonnes, soit 2 % de son chiffre d’affaires.
Aussi ténue soit-elle, il n’en demeure pas moins que cette niche fait le bonheur d’Eddy Jeanneret depuis que les premières meules de gruyère bio ont enfin été pressées le 1er janvier 2020. «C’est l’aboutissement de longues années de pa- tience et de détermination», apprécie cet agriculteur de 41 ans père de 5 enfants.
Texte et images: Claire Müller
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