producteur
vigne
vin
Privilégier la qualité plutôt que la quantité – Portrait d’un vigneron passionné
mardi 5 mars 2019Didier Joris est un vigneron au parcours plutôt atypique. Après avoir travaillé dans la recherche viticole, en tant qu’oenologue et responsable de grands domaines viticoles, il se consacre désormais exclusivement à ses vignes et à son laboratoire d’analyses viticoles à Chamoson VS. «Cette année, j’en suis à mon 43e millésime alors que j’exploite mon laboratoire depuis 1983», renseigne le Valaisan.
Son domaine d’environ trois hectares comprend une vingtaine de parcelles sur lesquelles il produit entre 8000 et 12000 bouteilles en moyenne par année. «Ma production de raisin avoisine seulement les 300 grammes par mètre carré alors que les limites quantitatives de production sont près de quatre fois plus élevées», commente Didier Joris. «Pour moi, c’est le prix de la qualité et cela reflète ce que le sol est en mesure de produire naturellement. Je peux ainsi fortement limiter les intrants. Cette année, j’ai à peine utilisé 1 kilo de cuivre à l’hectare alors que la limite est fixée à 4 kilos», ajoute-t-il.
Sur les coteaux aux sols très calcaires, il cultive principalement les cépages blancs Savagnin – aussi appelé Païen ou Heida –, Chardonnay, Riesling et Diolle. Sur le cône d’alluvions, son vignoble comprend les cépages rouges Syrah, Cabernet franc, Merlot, Cornalin (Rouge du Pays) et Divico ainsi que les blancs Divona et Petite Arvine.
Cette année, Didier Joris recevra sa première certification Bourgeon. «Cela fait déjà treize ans que j’exploite mon vignoble sans intrants de synthèse, mais je n’ai entamé ma reconversion au Bourgeon qu’en 2017», explique-t-il. Dans les vignes bio, le principal problème est la gestion de la flore adventice. Didier Joris profite d’arracher les plantes indésirables sur le rang à chaque passage dans les vignes. De la biodiversité et de la matière organique Didier Joris mise également sur la biodiversité dans ses vignes pour favoriser les auxiliaires en y implantant des buissons, des arbres et des haies.
Didier Joris poursuit la même stratégie à la cave que dans le vignoble, à savoir utiliser un minimum d’intrants et soigner le plus naturellement possible. Il estime également que les vins biologiques sont moins sensibles que les conventionnels et il utilise bien moins de sulfites que ce que permet le cahier des charges de Bio Suisse. Il parvient à renoncer au levurage dans ses vins rouges, alors qu’il s’avère plus difficile de s’en passer dans les blancs. Sa cave construite sur plusieurs étages lui permet aussi de transvaser sans pompe, uniquement par gravitation, ce qui évite de bousculer inutilement le vin.
Pour la commercialisation, Didier Joris peut compter sur une fidèle clientèle qui apprécie la finesse et le caractère de ses vins. On trouve ces derniers sur la carte des tables les plus prestigieuses de Suisse romande et ils se positionnent clairement dans le haut de gamme. Le vigneron de Chamoson écoule l’essentiel de sa production par le biais d’un mailing à ses clients et c’est ainsi qu’il les a informés de sa reconversion et de sa philosophie de travail. Didier Joris organise aussi chaque année une journée portes ouvertes en collaboration avec des artistes qui transforment de manière éphémère ses caves en galerie d’exposition. Et sur ce point, tout le monde s’accorde: produire des bons vins, c’est vraiment tout un art!
Informations supplémentaires: www.didierjoris.ch
Texte: Christian Hirschi (paru dans Bioactualités 1/2019)
Photos: Christian Hirschi / màd
0 commentaires