Une paysanne bio passionnée


Depuis que Claudia Zimmermann a planté ses racines sur le domaine bio «Küttigkofen», ses projets poussent comme des champignons. L’un d’entre eux est son magasin bio qui a permis à la jeune paysanne de ramener une nouvelle vie dans le village.


Küttigkofen – un petit village paysan dans les splendides collines du Bucheggberg au sud-ouest de Soleure. Un village comme il y en a beaucoup. Il y a des années que l’école, la poste et la fromagerie ont fermé leurs portes à tout jamais. La ville, avec ses centres commerciaux et ses possibilités de travail, est trop proche. Et pourtant, il y a au centre du village un grand panneau qui porte l’inscription «Bioladen» (magasin bio) et qui signale l’émergence d’une nouvelle vie. C’est en effet ici que la jeune paysanne bio Claudia Zimmermann a aménagé dans la grange de sa ferme un magasin fermier d’un genre particulier.

Quand un magasin bio devient le point de rencontre du village

La jeune Soleuroise voulait créer un point de rencontre dans le village. «Je souhaitais que les gens sortent de nouveau davantage dans la rue, se rencontrent et bavardent», dit-elle. Et le fait que son magasin fermier ait permis de faire un bout du chemin rend ses yeux brillants de plaisir. Car il y a des gens qui viennent un moment le samedi juste pour bavarder un peu. Claudia Zimmermann ne peut pas encore dire si l’aventure est rentable. Éducatrice d’école maternelle de profession, elle a rangé au vestiaire son job à soixante pourcents. Ce revenu régulier a disparu, mais elle ne s’est jamais repentie d’avoir franchi ce pas. «Les journées sont plus longues mais plus enrichissantes», dit-elle.

Le fait que son mari soit menuisier et ingénieur du bois est venu à propos pour la jeune paysanne: L’intérieur du magasin, les étagères et les comptoirs sont entièrement de fabrication maison. La viande, la farine, les pommes de terre et une partie des légumes viennent de sa propre ferme Bourgeon. Claudia Zimmerman achète d’autres produits de qualité Bourgeon à des fermes bio des environs. «J’ai même pu convaincre une voisine de reconvertir sa ferme au bio», dit-elle en riant. «Je lui ai proposé de lui vendre ses pains, des œufs et du lait – à condition qu’ils soient bio. C’est ça qui l’a motivée.»

La pensée bio est importante pour Claudia Zimmermann. Pas seulement dans le magasin de la ferme, dans lequel elle ne vend que des produits bio, mais aussi dans sa ferme bio qu’elle gère avec son mari Matthias conformément au strict Cahier des charges de Bio Suisse. Dans les champs, les pommes de terre et les céréales s’en sortent sans pesticides, et les prairies produisent le fourrage nécessaire pour leurs trente bovins. Et il y a encore des prairies extensives et des arbres fruitiers haute-tige qui offrent le gîte et le couvert à de nombreuses espèces de plantes et de petits animaux.

La ferme des Zimmermann élève aussi des cochons. Cependant pas comme d’habitude dans une porcherie, mais dans un grand pâturage au milieu du village. «C’est à mon avis la seule manière d’élever des cochons en respectant leurs besoins naturels», affirme Claudia Zimmermann. Elle raconte qu’elle a longtemps eu de la peine à envisager d’élever des animaux pour produire de la viande. «Mais ensuite je me suis dit: la consommation de viande étant un fait, une réalité, je veux contribuer à ce que cette viande soit produite dans le respect des animaux et de leurs besoins spécifiques.»

Des cochons pour la viande et la compagnie

On voit du premier coup d’œil que les cochons se sentent bien ici: Tout au fond les deux truies fouissent dans la terre tandis que leurs petits se couratent dans le pré. Quand Claudia pénètre dans l’enclos, ils viennent tout de suite lui sauter affectueusement dessus. «Les cochons sont des animaux très sociables et intelligents», dit la jeune paysanne bio en gratouillant une truie entre les oreilles. Elle a donc commencé à élever dans un autre pâturage des minipigs en plus des porcs à l’engraissement. «Ceux-là, je peux les vendre comme animaux de compagnie et pas de boucherie», dit-elle. Un cochon à la maison? Oui, ça marche, affirme Claudia. «Les cochons sont propres et dociles, mais il faut quand même les garder à l’extérieur pour des raisons de bien-être des animaux. Et contrairement aux chiens ce sont des animaux grégaires, donc je ne les vends que par paires.»

Notre jeune Soleuroise ne manque décidément pas d’idées. Au contraire! Elle doit se contraindre à ne pas se lancer dans de trop nombreux projets. En plus du grand jardin paysan, Claudia Zimmermann cultive un grand champ de fleurs en self-cueillette ainsi que dix ares de légumes de toutes formes, couleurs et goûts pour la vente directe. La serre produit au printemps 600 plantons de légumes et en été une grande diversité de variétés de tomates. Et quand la journée de labeur des gens normaux est terminée, il se crée encore dans le nouveau local de transformation des Zimmermann des mélanges pour des soupes, des tisanes, des confitures et des pommades. «Quelque fois je reste avec mon mari jusqu’à minuit dans la cuisine pour peler des carottes», avoue-t-elle en riant. «Nous avons toujours de bonnes discussions dans ces moments-là. Les soirées de ce genre sont plus importantes pour moi que de s’asseoir ensemble devant la télévision.»

Un magasin qui ne gaspille rien

Elle trouve très important que son magasin ne génère pas de déchets alimentaires. Les fruits et légumes invendus sont mis en conserve ou séchés. C’est ainsi que, nécessité faisant loi, elle découvre toujours de nouvelles recettes comme par exemple son fameux risotto aux légumes ou sa conserve de courgettes au curry. Car la jeune femme est un as de la bricole et de la découverte – et sa devise est «learning by doing». Claudia Zimmermann n’a appris ni le métier du maraîchage ni celui de la cuisine. «Quand la passion est au rendez-vous on peut apprendre tout ce qu’on veut», dit-elle – et on la croit immédiatement et sans peine.

Son amour pour les enfants n’a cependant pas disparu, et Claudia Zimmermann propose en été un passeport-vacances pour des après-midi à la ferme. Elle va alors déterrer des carottes avec les écoliers et leur montre comment on fait pousser les tomates. «En tant qu’éducatrice de la petite enfance, j’ai souvent entendu dire que les petits pois venaient des boîtes de conserve», raconte-t-elle. Elle trouve qu’il est très important de profiter de son travail de paysanne pour remplir des tâches pédagogiques. Voilà pourquoi Claudia Zimmermann propose à côté de son champ de légumes des pois, des haricots et des courges à cueillir soi-même. En été il y a régulièrement des familles qui viennent par là pour récolter ensemble des légumes, raconte-t-elle toute réjouie.

Quand il fait beau et que le magasin de la ferme est ouvert, sa cour de ferme se transforme en place de jeu pour les enfants. Exactement comme elle aurait voulu que ça se passe au jardin d’enfants. «Au lieu de rester à la maison assis devant un ordinateur, les enfants viennent au magasin pour manger une glace ou jouer dehors avec leurs copains», explique-t-elle. Oui, les expériences de ce genre font battre son cœur plus vite: «Par exemple, quand un garçon avec un sac à dos et un billet de vingt francs se trouve devant le comptoir du magasin pour faire les courses pour ses parents. Ou encore quand la voisine vient au magasin pour y déverser son cœur. C’est dans ces moments-là que je pense que le magasin de la ferme a atteint son but.»

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