«Nous, les agriculteurs, nous voulons du changement et avons besoin des consommateurs pour y parvenir»



À partir de 2022, le fourrage des vaches et autres ruminants devra être 100 pour cent suisse. Dans une interview avec David Herrmann, Tommy Herwig explique pourquoi cela protège le climat et quelle est l’importance de ce changement pour les consommateurs.

À partir de 2021, les exploitations Bourgeon en Suisse ne seront autorisées à nourrir leurs ruminants qu’avec du foin local et l’utilisation d’aliments concentrés fera l’objet d’une nouvelle réglementation. Quelles répercussions cela aura-t-il pour les acheteuses et acheteurs de produits bio? 


Ils bénéficieront d’aliments authentiques provenant entièrement de Suisse et pour lesquels aucun fourrage n’aura été importé. 

L’image prédominante dans l’esprit des gens est celle de vaches paissant dans des pâturages. Les consommateurs savent-ils que le fourrage est parfois importé? 

Non. Et d’où, d’ailleurs? Mais une exploitation ne peut produire que la quantité de fourrage que sa terre peut fournir. Avec le nouveau Cahier des Charges de Bio Suisse, l’agriculteur doit se demander si ses vaches disposent de suffisamment de pâturages, de foin ou de fourrage d’ensilage pour la quantité de lait qu’elles produisent.

Quel rôle jouent les aliments concentrés dans le rendement laitier des vaches?

À partir de 8000-9000 kg de lait par an, il est impossible de nourrir des animaux sans aliments concentrés. Le fait que nous ne pourrons bientôt leur donner que 5 % d’aliments concentrés va constituer un véritable défi. Aussi par exemple en ce qui concerne l’élevage. Les vaches Holstein noires et blanches transforment très bien le fourrage en lait. C’est pourquoi, dans mon exploitation, j’élève cette race et la croise avec des Original Brown et des Swiss Fleck, dont les caractéristiques conviennent également très bien à notre ferme.

De quel fourrage et en quelle quantité une exploitation doit-elle disposer par vache?

C’est comme avec un moteur: si vous savez quel rendement vous voulez obtenir, vous pouvez calculer avec précision de quel fourrage vous allez avoir besoin et en quelle quantité. L’objectif de ce cahier des charges est que les vaches aillent paître le plus possible dans les pâturages. Cela présente différents avantages: pour les animaux, le lait et également le climat...

… Vous pourriez préciser?

Dans son livre, «Die Kuh ist kein Klimakiller», Anita Idel le montre clairement: mangé ou coupé, 1 m2 d’herbe capte autant de CO2 qu’1 m2 de forêt. 60 à 70 pour cent des terres agricoles suisses sont des prés. Notre pays est donc idéal pour le pâturage! Bien sûr, les vaches émettent également du méthane. Mais si on fait le calcul, on constate que la vache contribue même à la protection du climat. Et également lorsqu’elle va se nourrir, ce n’est pas l’inverse.

Je suppose que pour que ce changement soit un succès, les agriculteurs bio ont besoin d’être informés de manière approfondie et de suivre aussi des formations continues.

Nous avons longtemps discuté au sein de l’association. Finalement, nous avons décidé ceci: c’est exactement ce que nous, les agriculteurs bio, nous voulons, une production laitière bio suisse indépendante et durable. Mais nous ne pouvons pas y parvenir seuls, nous avons besoin aussi des consommateurs.

Quel prix le consommateur doit-il être prêt à payer pour ce changement? 

Il ne s’agit pas seulement de l’argent que les consommatrices et consommateurs dépensent pour se nourrir, mais d’une question sociétale à laquelle tous les acteurs de la chaîne de valeur doivent réfléchir. Par exemple, les entreprises qui partagent une partie de leur savoir-faire et de leurs ressources pour la recherche. Ce nouveau cahier des charges pourra ainsi stimuler les innovations et faire naître de nouvelles technologies qui profiteront de nouveau à tout le monde.

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