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Chez Bio Suisse: Reto Müller, vigneron à Leytron VS et président du Groupe spécialisé Vin de Bio Suisse
lundi 13 novembre 2017Monsieur Müller, avec huit des 32 vigneronnes et vignerons qui se sont reconvertis au bio en 2017, le Valais est le canton suisse qui enregistre le plus grand nombre de reconversions viticoles. Le Valais a aussi la plus grande surface de vignes bio: 131 hectares, ce qui correspond à peu près à 183 terrains de football. Comment expliquez-vous cette croissance?
Un tiers de la surface du vignoble suisse se trouve dans le canton du Valais, et déjà rien que pour cela nous avons beaucoup de reconversions. Le climat est idéal pour la viticulture bio. S’y rajoute une tendance générale vers le bio que la jeune génération saisit de plus en plus.
Il y a en Valais de nombreux cépages autochtones comme la Petite Arvine ou le Cornalin. Qu’en est-il des cépages résistants aux maladies fongiques?
Plusieurs domaines valaisans testent déjà des cépages résistants. On observe ce faisant que les obtentions actuelles ne sont pas idéales pour le Valais: elles sont en général trop précoces dans notre climat plutôt sec et avec beaucoup de soleil. La teneur en sucre est alors trop haute par rapport à la maturité des tannins et des arômes. L’avenir des cépages résistants au Valais est cependant aussi une question d’intégration. Nous sommes sur la bonne voie mais il faudra simplement encore un peu de temps.Vous collaborez depuis cette année avec Vitival, l’association valaisanne pour la production intégrée, comment cela s’est-il passé?
Je suis le président du Groupe spécialisé Vin de Bio Suisse, et à Bio Valais je suis responsable de la viticulture bio et de la production de vin bio. Je connais donc de très nombreux vignerons et vigneronnes. J’ai ressenti qu’il y a chez Vitival de nombreux vignerons et vigneronnes conventionnels qui ne veulent pas seulement faire un produit de première qualité mais qui veulent un vin plus sain et meilleur ainsi qu’une production plus naturelle. Je me suis approché d’eux et je leur ai dit: «À la base nous avons la même idée. Nous voulons travailler avec la nature et la respecter. Même sans label on peut utiliser davantage de méthodes de la viticulture biologique.»Quel est le but principal de cette collaboration?
Le but de notre collaboration est avant tout la transmission de connaissances, les échanges d’observations et la motivation mutuelle. Un premier point de contact important est la plateforme internet «Orientation Bio». La connaissance locale se trouve chez les paysannes et les paysans, ce qui manque souvent c’est les connaissances sur la viticulture biologique. Nous avons découpé le canton du Valais en six secteurs. Les vigneronnes et les vignerons d’un secteur forment un groupe. Ils se rencontrent régulièrement pour avoir des échanges sur des thèmes comme le travail du sol, les produits de traitement ou des questions qui sont d’actualités pour leur propre vignoble. Nous avons eu 66 inscriptions dès la première année, soit environ dix pourcents des vigneronnes et vignerons professionnels – cela me réjouit beaucoup!Et qu’attendez-vous de ce projet?
Il s’agit de la santé des gens et de la terre – et donc de la diminution des résidus dans nos eaux. Ma vision est que le risque de dérive des pesticides de synthèse soit éliminé de Sierre à Lausanne. Le bio est la méthode agricole du futur – peu importe que les producteurs se fassent certifier ou non.Quelle est votre pronostic d’avenir pour la viticulture biologique valaisanne?
La politique se préoccupe davantage de la thématique du bio depuis qu’on sait que de grandes quantités de résidus de pesticides de synthèse se retrouvent dans nos eaux. Le Canton remarque qu’il doit faire quelque chose pour son image et pour la nature, et il utilise les paiements directs pour motiver une diminution des pesticides. Et les grands marchands de vins se lancent dans les affaires bio. J’estime donc que l’avenir est très prometteur pour le vin bio valaisan.Quel souhait adressez-vous aux consommatrices et aux consommateurs?
Je souhaite qu’ils consomment de plus en plus bio et local et qu’ils soutiennent ainsi des produits qui sont certes un peu plus chers mais qui ont l’avantage de provenir d’une production réellement durable. Car on est ce qu’on mange – et ce qu’on boit!Plus d'informations:
http://www.artisan-vigneron.ch
http://viti.bio-valais.ch
Photos: Sedrik Nemeth
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